L'intolérance alimentaire chez le chien

La digestion est un procédé mécanique et chimique qui permet la transformation des aliments en nutriments assimilables par l’organisme et servant de source d’énergie à toutes les cellules du corps. Une fois ingéré, le bol alimentaire évolue dans le tube digestif par les contractions musculaires de la langue et de l’œsophage puis par celles de l’intestin, nommé péristaltisme. Un bon péristaltisme est essentiel pour une digestion correcte. Un arrêt du transit se nomme occlusion et peut être fatale. Tout au long de leur voyage les aliments subissent une transformation chimique réalisée grâce aux enzymes digestives. Les enzymes vont casser les aliments en tout petits morceaux jusqu’à ce qu’ils deviennent assez petits pour être nommés nutriments. C’est le catabolisme enzymatique

•  Les protéines sont un assemblage de plusieurs acides aminés
• Les lipides sont un assemblage de plusieurs acides gras
•  Les glucides sont un assemblage de plusieurs sucres

Les enzymes vont donc transformer les protéines en acides aminés, les lipides en acides gras et les glucides en sucres. Les nutriments ainsi formés vont ensuite pouvoir traverser la muqueuse de l’intestin pour pouvoir entrer dans la circulation sanguine.

L’absorption des nutriments se fait essentiellement au niveau de la muqueuse de l’intestin grêle. Elle est composée de très nombreuses cellules qui font le tri entre les nutriments qui peuvent passer et les autres éléments qui ne doivent pas passer, tels que les aliments non digérés, les toxines, les bactéries… C’est une véritable barrière de protection qui sert de filtre, on dit qu’elle possède une perméabilité sélective.  Une fois que les nutriments passent la muqueuse intestinale, ils se retrouvent dans la circulation sanguine au niveau de la veine porte pour rejoindre le foie. Après traitement par ce dernier, les nutriments rejoignent la circulation générale pour nourrir chaque cellule de chaque tissu de l’organisme.

Le système digestif du chien a des particularités. Le chien descend du loup mais ce n’est pas pour autant que son système digestif fonctionne de la même façon. En effet le chien évolue depuis plus de 15 000 ans auprès de l’humain. Depuis tout ce temps il s’est nourri des restes alimentaires de son compagnon homme. Ainsi il s’est habitué à manger de la viande cuite mais également des céréales au moment de la sédentarisation de l’homme et de la création de cultures céréalières. Pour autant son système digestif n’est pas similaire à celui de l’humain qui est totalement omnivore. Le chien est plutôt un carnivore non strict, à mi-chemin entre le loup et l’homme. Par rapport à l’homme, l’estomac du chien est beaucoup plus gros et l’intestin beaucoup plus court. Il ne digère donc pas les aliments de la même façon.

Le chien peut développer une intolérance alimentaire car son système digestif est dépourvu totalement ou partiellement de certaines enzymes. Les plus couramment observées sont une intolérance à l’amidon et au gluten.

L’amidon est une très longue chaîne de glucides qui sert de réserve énergétique chez les végétaux et notamment chez les céréales. Sa dégradation en nutriments est très longue et nécessite l’action de nombreuses enzymes. Or l’intestin du chien est court et le temps de digestion rapide. La digestion de l’amidon n’est alors que partielle.

Le gluten est une protéine de réserve énergétique que l’on trouve dans les céréales. Le chien est capable de digérer le gluten mais dans des quantités raisonnables. Dans le cas contraire les enzymes chargées de leur digestion se retrouvent saturées et le gluten n’est que partiellement digéré.

Si le chien en consomme de petites quantités cela ne pose pas de problème. Mais donner à votre chien une alimentation essentiellement constituée de céréales et une véritable intolérance alimentaire peut se développer avec des symptômes tels que:

•    Poil gras, pelliculeux   
•   Perte de poils sur certaines zones du corps ou la totalité   
•   Démangeaisons   
• Rougeurs      
• Ballonnements avec éructions et pets sonores et mal odorants     
•  Diarrhées, constipations     
•  Douleurs abdominales      
• Perte de vitalité       
• Amaigrissement, prise de poids       
• Tartre et infection dentaires     
•  Pathologies rénales, hépatiques, cardiaques…   
• Trouble de la fécondité     
• Maladies inflammatoires·      
• Raccourcissement de l’espérance de vie générale

Ces symptômes sont variables d’un individu à l’autre. Pour certains, l’intolérance se manifeste dès les premiers mois de vie. Pour d’autres, l’ingestion d’amidon et de gluten sera bien tolérée une partie de leur vie, voir toute leur vie. La variabilité de cette pathologie est à mettre en lien avec la sélection génétique que pratique l’homme sur le chien. Ainsi plus un animal est « génétiquement trafiqué » plus il a de risque de développer une intolérance alimentaire ainsi que d’autres maladies. L’intolérance alimentaire est alors plus fréquente chez un bouledogue français que chez un caniche.

Attention l’amidon ne se trouve pas uniquement dans les céréales mais dans de nombreux végétaux. Donner des croquettes sans céréales, ne signifie pas qu’il n’y a pas d’amidon ! On en retrouve dans la pomme de terre ou le pois par exemple. La quantité finale sera moindre. Une croquette sans céréales est cependant dépourvue de gluten. 

Le diagnostic d’intolérance alimentaire se fait à l’observation des symptômes cités ci-dessus. Il est ensuite possible de pratiquer un test d’éviction. On supprime un ou plusieurs aliments suspectés de déclencher l’intolérance puis on les réintroduit un par un de façon progressive pour voir si les symptômes réapparaissent.

Le traitement consiste en premier à supprimer l’élément déclencheur de l’intolérance. Si cela n’est pas possible ou si les symptômes sont trop importants les vétérinaires prescrivent de la cortisone à plus ou moins long terme.